Cette chanson s’était noyée dans un album à côté duquel j’étais passée par mépris.
A l’époque, j’avais peu apprécié sa pochette simpliste, son absence de rock brut et quelques écoutes avaient fini par me convaincre de le mettre de côté.
Comme un clin d’oeil à ma bêtise, c’est l’agent J* qui, l’année dernière, m’a fait cadeau du format 33 tours pour commencer ma collection de vinyles de Springsteen.
Cet album sorti en 1987 s’intitulait “Tunnel of Love”, à la fois pour synthétiser le caractère tortueux et tourbillonnant de la relation que Bruce vivait depuis 85 avec sa 1ère femme Julianne Phillips mais également en hommage à une attraction présente à la fête foraine d’Asbury Park, New Jersey où le jeune Bruce avait fait ses premières scènes.
A l’époque, Bruce découvrait l’engagement amoureux, la vie maritale, la confrontation aux différences de l’autre, la recherche perpétuelle de compromis. Les choses ne se passant pas au mieux avec Julianne Phillips, on retrouve beaucoup de peur et de questionnement dans cet album.
La chanson que je veux vous faire découvrir s’appelle “Valentine’s Day”.
Il ne faut pas se fier au caractère apaisant et enveloppant du morceau car il contient une vraie urgence.
Il s’agit d’un appel désespéré, d’une invocation religieuse à l’amour.
On se sent pressé par le temps, par la volonté de vouloir trouver ou retrouver l’autre, de se sentir en sécurité dans ses bras comme si la mort était à nos trousses.
J’attendais ce concert comme un junkie attend son dealer … passant du rire aux larmes avec une facilité déconcertante, à la fois nerveuse et exaltée, surexcitée et exténuée.
Un concert hors du commun par bien des aspects et tant l’électricité était incontrôlable dans la salle.
Non, je suis sérieuse : l’électricité était littéralement incontrôlable !!
Ainsi, avant le début du concert, Antoine De Caunes, fondateur du fan-club français du Boss est apparu sur la scène .
Celui-ci nous annonce que depuis le début de l’après-midi, les plombs n’arrêtent pas de sauter !
Il nous invite à rester calmes et à patienter quelques instants au cas où cela se reproduirait pendant le concert.
Ambiance ! Ambiance !
Coupera, coupera pas …
Je pense qu’à ce moment-là, tous les spectateurs ont dû croiser les doigts !
Puis vient le moment …
Alors que Charlie Giordano et Roy Bittan entament “La Vie en Rose” d’Edith Piaf à l’accordéon, les musiciens arrivent en dansant sur la scène… mais … mais que vois-je ?
Mrs Springsteen aussi est de la partie. “Patti est là” (nous dira plus tard Bruce dans un français approximatif mais si charmant)… je suis aux anges !
En fin de cortège, une guitare à la main, Bruce débarque et Bercy, déjà électrique, prend feu…
Le E-Street Band est là pour tout donner, Steven Van Zandt nous a prévenu.
Ils démarrent puissamment avec trois morceaux du dernier album : “We Can Take Of Our Own”, “Wrecking Ball” et “Death To My Hometown” entrecoupé d’un “Badlands” à l’énergie dévastatrice.
Le public est survolté, moi la première.
Je chante, je crie, je pleure, je ris, je lance mon poing en l’air, je danse, je saute partout…
Je retrouve aussi le rituel des pancartes, cher à mon coeur.
Je m’explique : à chaque concert de Bruce, les fans viennent avec le nom de la chanson qu’ils souhaitent entendre écrit sur une pancarte.
Durant le concert, Bruce choisit une ou plusieurs pancartes et offre à la foule une reprise du (ou des) morceau(x) proposé(s).
C’est ce qui s’est passé hier soir et alors que je ne m’y attendais pas du tout, le E-Street Band amorce la mélodie de “The E-Street Shuffle”, 1er titre de mon album préféré “The Wild, The Innocent & The E-Street Shuffle” (73).
Un bel inédit plein d’énergie que je n’avais jamais entendu en live et qui m’a énormément touchée.
Par ailleurs, il fera de nombreux clins d’oeil au 4 juillet, jour si important pour les Américains avec notamment le merveilleux “4th of July, Asbury Park (Sandy)”.
A défaut d’être là-bas, le Boss est bien décidé à faire rentrer les Etats-Unis dans le POPB.
Il reprendra plus tard, seul au piano, le morceau “Independence Day”, véritable moment de grâce.
Bruce se fera ensuite séducteur sur “Because The Night”, en duo avec sa femme Patti Scialfa.
Nombre de ses titres étant parfaits pour jouer avec le public, Bruce ne boude pas son plaisir et nous pousse à la chansonnette très souvent?
C’est le cas sur “Waiting on a Sunny Day” où une jeune fille monte sur scène avec lui pour entonner le refrain mais également lors de “The River” où le 1er couplet est chanté quasi-exclusivement par la foule.
Le groupe nous offre également une belle parenthèse Soul avec un medley qui met en valeur les talents de fédérateur du Boss dans un “The Way You Do The Things You Do” so hot.
Autre moment d’anthologie…
Bruce salue la France “amie de l’Amérique, avant que l’Amérique ne devienne l’Amérique”.
Le groupe entame alors “Born in the USA” … EXCELLENT en live !
Le public repart alors au quart de tour …
Et le groupe ne compte pas s’arrêter en si bon chemin puisqu’il enchaîne avec un “Born To Run” jouissif !
La fin se rapproche et vient la séquence difficile, l’hommage à Clarence Clemons perdu l’année dernière, saxophoniste dont l’ombre gigantesque plane sur la scène depuis le début du concert.
En effet, sur “Tenth-Avenue Freeze-Out”, le groupe se “freeze out” littéralement pour laisser place à un Best-Of du Big Man sur écran géant.
J’ai voulu rester forte mais franchement, quand on connaît le groupe comme je le connais et quand on l’aime comme je l’aime, il faut être un caillou insensible pour ne pas craquer un tout mini peu !
A ce propos, le neveu de Clarence, Jake, qui récupère la lourde mission de nouveau saxophoniste du E-Street Band se débrouille vraiment bien et semble très à l’aise.
Moins puissant et moins charismatique bien sûr mais dynamique et prenant un plaisir bien visible à partager la scène avec ce groupe mythique.
Vient le temps des “au revoir” avec “American Land”.
Le public du POPB fait une ovation à Bruce et son groupe qui nous ont offert un show d’une intensité incroyable !
C’était le meilleur concert de lui que j’ai vu.
Le public était vraiment réceptif et hétéroclite (beaucoup d’étrangers étaient venus l’applaudir).
Le prochain concert pourrait être l’année prochaine si on en croît les rumeurs… et j’ai vraiment envie d’y croire :)
La Setlist :
We Take Care Of Our Own
Wrecking Ball
Badlands
Death To My Hometown
My City of Ruins
Spirit In The Night
E Street Shuffle
4th of July, Asbury Park (Sandy)
Jack of All Trades
Because The Night
Darkness On The Edge of Town
Johnny 99
Darlington County
Easy Money
Waitin’ On A Sunny Day
Promised Land
Apollo Medley
Independence Day (solo piano)
The River
The Rising
Out In The Street
Land Of Hope And Dreams
We Are Alive
Born In The USA
Born To Run
Bobby Jean
Dancing In The Dark
Tenth Avenue Freeze Out
American Land
Petit bonus de la soirée, j’ai été très gâtée hier soir avec plein de beaux cadeaux de la tournée : un tee-shirt, un set de badges et le programme de la tournée. Merci à mon amoureux <3
Il va me falloir du temps pour m’en remettre…
En tout, 3h25 de concert, mes enfants et le plus choquant dans l’histoire, c’est que malgré mes 36 ans de moins, j’étais épuisée bien avant eux…
Je dois l’admettre, je suis complétement un peu hystérique !
Comprenez-moi, c’est chaque fois la même chose.
Chaque fois que Bruce sort un nouvel album, c’est comme si le printemps revenait, comme si on m’offrait un plateau de cupcakes Berko aux M&M’s ou comme si on m’annonçait que j’avais gagné un voyage d’un an tout frais payés au Canada, ma bouche s’ouvre grand, mes yeux s’écarquillent, mes neurones font “blop” et puis … plus rien ! Mon cerveau lâche.
Au choix, ça peut donner : des cris de fille prépubère, des imitations d’animaux, une danse du soleil improvisée, ou carrément le tee-shirt sur la tête en courant les bras en croix façon footballeur…
Imaginez donc ma réaction lorsque j’ai appris que le 6 Mars, sortait le nouvel album de Bruce intitulé “Wrecking Ball”…
Ben ouais, pendant 5 minutes, j’ai fait des petits sauts sur place, les mains devant la bouche, en faisant “iiiiiiiiii” !
A propos de cet album, Bruce a dit : “C’est quelque chose de vraiment inhabituel et c’est la meilleure chose que j’ai faite depuis des années”.
Bon, entre nous, je lui fais super confiance au Bruce hein mais quand j’ai lu ça, j’ai quand même croisé les doigts pour qu’il ne nous ait pas pondu un album dans le style de “Lulu” de LouMetallica…
A priori, il devrait être plus spirituel, plus enragé et plus idéologique que jamais. Il faut dire que nous avons bien besoin d’un prophète démolisseur en ces temps de moquage politico-économique.
Voici la pochette de l’album.
Celui-ci comportera 11 chansons :
“We Take Care of Our Own”
“Easy Money”
“Shackled and Drawn”
“Jack of All Trades”
“Death to My Hometown”
“This Depression”
“Wrecking Ball”
“You’ve Got It”
“Rocky Ground”
“Land of Hope and Dreams”
“We Are Alive”
Si l’album ressemble un tant soit peu à cette chanson “Wrecking Ball” chantée en 2009 à l’occasion de la démolition du Giants Stadium (East Rutherford, NJ), alors je serais comblée. :D
PS : Pour les connaisseurs, ne trouvez-vous pas que cette chanson a un arrière-goût sonore de “Girls In Their Summer Clothes” ?
Le premier single de l’album est déjà connu.
Il s’agit de “We Take Care Of Our Own” dont je vous invite à visionner le clip :
Il ne reste qu’ à prendre son mal en patience jusqu’au 6 mars pour pouvoir mettre le nouveau Bruce dans son iPod puis jusqu’au 4 juillet pour le voir en live à Bercy.
J’appréhende un peu l’absence palpable de Clarence Clemons et l’émotion qu’il y aura à gérer lors de certains morceaux mais je serai là pour les soutenir ! Et vous ?